La semaine dernière, la Paracha de Chélah’ Lékha relatait la crise des explorateurs,
reflétée par un refus d’entrer en Terre d’Israël, qui cachait une révolte contre D. et
Son projet pour le Peuple Juif après la sortie d’Egypte. La punition qui s’en est suivie
a été la plus dure de toutes celles qui ont frappé le Peuple Juif jusqu’à leur entrée en
Terre d’Israël, et ce n’est pas pour rien que nos ‘Hakhamim ont cité cette faute
comme première raison pour laquelle nous jeûnons à Tich’a béAv.
Mais à peine sortis de ce malheureux épisode le Peuple Juif va rechuter avec Korah’.
Comment est-ce possible ? N’apprenons-nous rien de l’Histoire ? Se révolter contre
D. ne nous a pas aidé alors révoltons-nous contre Moché Rabbénou ? De plus, cette
juxtaposition ne peut être le fruit du hasard car rien n’est fortuit dans la Torah.
Les trois piliers de notre existence, selon nos Sages, sont la Torah d’Israël, la Terre
d’Israël et le Peuple d’Israël. La faute des explorateurs, à ce niveau-là, a été de croire
qu’il était possible d’ôter un de ces trois piliers, en l’occurrence la Terre d’Israël, pour
conserver les deux autres. En terminologie moderne on appelle ça : appartenir au
Peuple Juif et vivre son judaïsme. Situation peut-être possible en temps d’exil, mais
aucunement lorsqu’on sort d’Egypte, d’Europe, d’Ethiopie, d’URSS ou autres. En se
penchant sur la révolte de Korah’ on se réalise que celui-ci vise à détruire les deux
autres piliers. Tout d’abord il va s’attaquer à la Torah en visant ceux qui y sont
préposés, Moché Rabbénou et Aharon haCohen. Comme l’expliquent tous les
commentateurs de la Torah, Korah’ n’avait d’autre aspiration que de prendre la place
de Aharon haCohen, dirigeant spirituel du Peuple Juif, et donc lui-même devenir
l’autorité spirituelle suprême du Peuple. D’un autre côté il va déclarer que « toute la
communauté, tous sont des saints, et D. se trouve au milieu d’eux ; pourquoi donc
vous érigez-vous en chefs de l’assemblée de D.? ». Le discours de Korah’ vient
exprimer une idée a priori juste, à savoir que tout le Klal Israël est saint mais, et là
débute la première problématique, sans distinction. En effet pouvons-nous mettre
sur un même plan Moché Rabbénou et Datan ? Aharon haCohen et Aviram ? Il est
strictement impossible que tous, même si imprégnés de la sainteté du Klal Israël,
soient au même niveau ! Le Rav Askénazi (Manitou) écrit : « Le mensonge le plus
dangereux est bien celui qui s’habille d’une apparence de vérité ; et, en cet exemple,
la démagogie consiste à se présenter comme le défenseur de l’intérêt commun pour
cacher une évidente ambition personnelle ». Et c’est ainsi qu’il porte atteinte au
Peuple : en effaçant toutes les différences qui peuvent y exister, ne serait-ce que les
points les plus élémentaires comme la différence Cohen-Lévy-Israël, ce n’est pas non
plus par hasard que les devoirs vis-à-vis des Cohanim et des Léviim (dîme etc.) sont
cités dans cette Paracha, et après on s’attaquera aux Rabbanim, aux Dayanim, aux
magistrats, aux rois même (selon nos ‘Hakhamim Moché Rabbénou est considéré
comme un roi aux yeux de la Halakha) !
L’analogie qui s’impose avec l’Histoire moderne du Peuple Juif est troublante : les
multiples difficultés de toute part qui ont accompagné le processus pour réintégrer
la Terre d’Israël, et la Shoah, bien sûr, qui a porté atteinte au Peuple de façon qui ne
peut pas être exprimée par des mots. Une fois la Terre réintégrée, miraculeusement
grâce au ‘Hessed divin, et que le Peuple a commencé à s’y reformer, la cible fut la
Torah, lorsqu’on voulait créer le « nouveau Juif ».
De nos jours ce combat n’est pas terminé et, quotidiennement, il nous faut défendre
la Torah, la Terre et le Peuple d’Israël. Si nous tous formions un seul et même front
dans cette optique, il n’y aurait plus besoin de souhaiter le Machiah’ ou, plus
exactement, la Délivrance finale. Nous y serions déjà !