Nous lirons cette semaine le troisième chapitre des Pirkei Avot, ce recueil de
préceptes, a priori, que le Peuple Juif a pris pour habitude de lire entre Pessah’ et
Chavou’ot. Avant d’aborder un des sujets de ce paragraphe, mais sans rentrer dans
les raisons de cette lecture si particulière durant cette période si particulière,
rappelons l’enseignement essentiel du Maharal de Prague dans son introduction aux
Pirkei Avot.
Le Maharal remarque que nous introduisons la lecture par la fameuse Michna du
Traité de Sanhédrine ‘Col Israël’ et la clôturons par une autre Michna, du Traité de
Maccot cette fois, ‘Rabbi ‘Hanania ben ‘Aqachia’ ; avec la lecture hebdomadaire du
Pirkei Avot cela nous donne trois étapes. Celles-ci correspondent aux trois niveaux
sur lesquels l’homme se doit de ‘travailler’ continuellement pour atteindre la
perfection décrite dans les Pirkei Avot. C’est l’occasion pour nous de rappeler ici qu’à
la base, les Pirkei Avot ont été rédigés pour s’adresser aux Dayanims et aux Talmidei
‘Hakhamims, ainsi que le montre la première Michna : ‘formez de nombreux élèves’
ou encore ‘soyez cléments dans vos jugements’. A qui de telles injonctions
pourraient-elles s’adresser d’autre ? Pour notre part nous dirons que si ces
recommandations sont valables pour les Talmidei ‘Hakhamims, alors elles le seront
pour nous également, a fortiori, à notre niveau bien entendu, tout en sachant garder
notre place avec respect et humilité.
Revenons à notre sujet. Ainsi l’action de l’homme dans son chemin vers la perfection
se divise en trois parties essentielles : la première concernera les rapports qu’il
entretient envers son Créateur, la seconde ceux qui le lient à son Peuple, et la
dernière tout ce qui touche à la perfection de sa propre personnalité ; cette dernière
correspond au contenu de chaque paragraphe que nous lirons chaque semaine.
Penchons-nous, à présent, sur le contenu du présent chapitre.
Rabbi ‘Hanina ben Dossa, contemporain de Rabbane Yo’hanan ben Zacaï, nous
enseigne trois choses (entre autres bien évidemment) : d’abord la crainte de la faute,
yr’at ‘hèt, doit précéder la sagesse, ‘hokhma, car sans cela cette dernière ne pourra
perdurer ; la seconde que tant que les actes de l’homme seront plus nombreux que
sa sagesse alors cette dernière perdurera également ; la troisième, enfin, que celui
qui est apprécié par les hommes le sera par D., et que celui qui ne le sera pas ne le
sera pas non plus par D. Précisons, concernant ce dernier point, que même si le chef
de la pègre est apprécié des hommes il ne le sera pas pour autant par D. …
Nous voyons dans l’enseignement de Rabbi ‘Hanina ben Dossa ce même fil
conducteur que nous avons rappelé au nom du Maharal de Prague. Le fait de
craindre la faute, nous disent les ‘Hakhamims, n’est pas la crainte de la faute en ellemême
comme un enfant qui craindrait de commettre un acte répréhensible de peur
de la punition, mais bien plus que cela : c’est la crainte d’accomplir un acte contraire
à la volonté divine et ainsi d’aller à l’encontre de ce que D. attend de nous dans ce
monde. Les actions de l’homme concernent l’application justement de la sagesse
envers autrui, ce qui permet de l’entretenir afin qu’elle ne s’altère pas, mais, plus
encore, de vivre avec autrui, de lui montrer que la beauté de la sagesse se transmet
par le biais des actes, et ainsi de pouvoir vivre une vie de Torah emplie de sainteté,
même au niveau du quotidien et des rapports humains. Enfin, l’homme apprécié de
son entourage, et par conséquent de D., sera bien évidemment l’homme vertueux,
irréprochable, dont les qualités sont indiscutables. Cet homme, qui sera la fierté de
son créateur, sera un exemple de droiture, d’honnêteté, de sagesse et d’intégrité
pour ses proches. Yéhi Ratsone que nous puissions avoir le mérite d’arriver au niveau
de respecter les injonctions de Rabbi ‘Hanina ben Dossa, et ainsi être agréés aux
yeux de D. Chabat Shalom !